LA LAQUE
elle est le domaine de la perfection, du luxe
et du raffinement.
À l’origine
La laque est la sève d’un arbre nommé sumac. C’est un matériau qui se recueille par gemmage. On incise le tronc et on recueille sa sève, laiteuse. A l’air, ce matériau s’oxyde et durcit. Le Sumac est un arbre chétif qui pousse exclusivement dans une bande subtropicale, de l’Inde au Japon. Pour vivre et s’épanouir, il lui faut de la chaleur et de l’humidité.
Le fait d’être recueillie par gemmage a conféré à l’objet laqué sa préciosité et sa rareté. Cette préciosité tient également aux qualités extraordinaires de la laque : outre sa grande résistance au choc, elle imperméabilise l’objet
qu’elle recouvre, lui permet de résister aux acides, à l’eau de javel, à la chaleur (400 °C : le foyer d’une cigarette). Elle est par ailleurs dotée d’une grande légèreté, et permet d’intégrer des décors.
Au XVIIème siècle
La laque asiatique connaît un engouement chez les collectionneurs. Mazarin en est féru. Mais le Japon se ferme en 1631 pour deux siècles…ce qui crée une frustration tant l’admiration pour ces objets était grande.
Les occidentaux n’ont donc d’autre choix que d’inventer des vernis qui imitent la laque.
Ainsi vers 1750, les frères Martin vont trouver la formule des vernis Martin, et fonder ainsi la grande tradition des laqueurs européens, à laquelle j’appartiens.
Un savoir-faire d’excellence
Les techniques asiatiques et européennes ont de nombreuses similitudes. Elles requièrent une grande rigueur et un savoir-faire d’excellence.
On passe alors la couche d’impression, et le panneau est prêt à accueillir les pigments – sous forme de poudre, (trois couches en moyenne, mais bien plus s’il y a des incrustations de coquilles d’œufs ou de nacre), puis le décor : l’or, l’aventurine, le cache, les repiqués, le relief…
Il n’est pas rare d’avoir plus de vingt couches de vernis dans un laque. Chaque couche a son temps de séchage. C’est la matière qui nous l’enseigne. C’est une affaire d’infinie patience. Pour un émerveillement magistral.
Chaque couche est poncée, puis le laque est enfin lustré avec différentes pâtes à polir. Là, le laque s’illumine.
Il faut entre 2 à 4 mois pour faire un laque. Parfois davantage… C’est le prix de la perfection, du luxe, et du raffinement.