À PROPOS

Formée à l’art du laque en 2014 auprès d’un Maître de l’école Olivier de Serre à Paris, j’ai d’abord choisi une matière avant de choisir un métier. La laque est une matière d’exception. Outre sa grande qualité de résistance, sa capacité à enchâsser des décors de poudres d’or, feuilles d’ors et nacre, m’a conquise.

Etre laqueur, c’est travailler avec la lumière – plus ou moins réfléchie selon que la surface est mate ou brillante, grenue ou lisse. La laque est une surface sensible d’une douceur fabuleuse, extrêmement sensuelle. Lorsque les heures du jour la changent, elle s’anime et semble vivante, s’illuminant d’un soudain flamboiement ou jetant de brefs éclairs. Le décor devient alors riche de résonances et suscite la rêverie. Il devient source de rayonnement intérieur. C’est pour cela que j’ai choisi cette matière et ce métier. Pour enchanter, provoquer, réveiller, émouvoir.

Au travers des quelques trente couches qui composent un laque, on entre dans une épaisseur de silence comme dans une ombre fraîche qui crée un état d’intimité. L’art du laque montre et cache. Il dit et se tait. Il fait entrer l’ombre et la lumière dans un puissant accord. Nulle couche n’annule les autres. Ponçage après ponçage, chaque strate s’enrichit au fil du temps, comme dans la vie.

La laque, c’est l’or du temps.

Pour ma part, j’aime pousser la matière dans ses retranchements au gré d’expérimentations constantes. Et ainsi dépasser le plan, le lisse, pour le conjuguer à la quête d’aspérités et de reliefs : le creux, le galbé, le plissé s’expriment dans mon travail et me permettent d’entrer dans tous les possibles.

Amoureuse des pierres, j’aime enchevêtrer dans la laque les forces élémentaires des pierres brutes ou semi-précieuses – nées de la patience de l’univers et émergées d’un chaos. Naturellement extraordinaires, elles sont d‘avant l’homme. Elles sont vertige et ordre. Comme la laque, merveilleusement contrôlée et merveilleusement libre. Vibrante. Unique.

Sarah-Mélina Clair